Noël 2023

ACTEURS DE PAIX

A plusieurs reprises, nous avons entendu le mot paix : le Messie est annoncé comme Prince de la paix ; les anges chantent : gloire à Dieu au plus haut des cieux et paix sur la terre aux hommes qu'il aime (littéralement de bonne volonté). La paix est bien malmenée ces temps-ci. Nous sommes inquiets de la guerre en Ukraine, de l'affrontement Hamas-Israël, des difficultés diverses dans de nombreux pays dont le nôtre. Ces réalités nous dépassent, nous n'y pouvons pas grand chose.

Pourtant nous pouvons être responsables de la paix, sans naïveté, dans trois réalités qui nous concernent directement : la vie familiale, les rapports entre générations, la vie sociale.

 

LA VIE FAMILIALE

Chacun sait qu'elle n'est pas un long fleuve tranquille. Si elle est le lieu où chacun peut être aimé sans conditions, elle est aussi - tous les psychologues le disent – le lieu où la haine et la jalousie peuvent être les plus fortes. Certes il ne peut pas y avoir de vie sans conflits ni disputes. Mais le Seigneur nous invite à être acteurs de paix sans nous enfermer dans les conflits, en essayant de les faire mûrir et de les dépasser. Je me souviens de ce couple qui me disait ne pas s'endormir sans s'être pardonné une blessure commise durant la journée ou bien sans avoir tenté de résoudre le conflit qui avait opposé mari et femme pendant quelques heures.

Ce qui, à l'heure actuelle, s'aggrave, ce sont les violences conjugales. C'est à leur sujet que nous avons aussi une responsabilité : ne pas durcir les oppositions mais chercher l'apaisement qui conduit à la paix. Pratiquer le dialogue, l'écoute, essayer de se comprendre, ne pas succomber au charme trompeur de l'alcool. Vouloir le bien de tous dans le respect de la personnalité et de l'épanouissement de chacun. En favorisant ces attitudes , nous pouvons favoriser la paix et l'amour dans les couples et les familles.

 

RAPPORTS ENTRE GÉNÉRATIONS

C'est une réalité aussi vaste que celle des familles... et aussi complexe ! Les jeunes générations et celles qui sont plus âgées se rendent bien compte que nous vivons de grands changements dans tous les domaines et sans doute un changement de civilisation. J' évoque deux exemples. Celui de la santé : un professeur d'un grand hôpital parisien disait : « en cinquante ans, la médecine et la chirurgie ont davantage évolué que durant cinq mille ans ». Tous ceux et celles qui, parmi nous, ont plus de cinquante ans, constatent aisément ces changements. L'autre exemple est plus récent, c'est celui du téléphone portable dont l'utilisation s'est généralisée à tous les âges, ce qui pose de réelles questions dans l'éducation des enfants et des adolescents. Face à ces évolutions, les réactions des uns et des autres sont variées et différentes. Parfois entre les générations âgées et jeunes, c'est la compréhension, parfois, c'est l'agressivité et la mésentente.

Le Christ nous appelle à la paix. Non pas ignorer les problèmes posés par ces changements mais rechercher et accepter l'écoute et le dialogue pour que les jeunes puissent exprimer leur dynamisme et les gens plus âgés faire preuve de leur sagesse et de leur expérience. C'est ensemble que nous pouvons humaniser les nouveautés pour que la dignité de chaque personne soit prise en considération et mieux assurée. Chaque génération peut y contribuer.

 

LA VIE SOCIALE

C'est une troisième réalité de notre monde où nous pouvons être acteurs de paix.
Chacun aujourd'hui a conscience qu'il est unique, ce qui est important pour la dignité de toute personne humaine. Mais nous ne sommes pas que des individus juxtaposés les uns par rapport aux autres. Nous avons à former une société pour que soit assuré le bien commun de tous, au-delà des égoïsmes et des intérêts catégoriels, pour que chacun se sente responsable des autres. Je ne pense pas que, de ce point de vue, notre société soit pire que les précédentes. Par exemple, en France, les dépenses de santé sont presque toutes remboursées par l'Etat, ce qui est un avantage certain par rapport à beaucoup d'autres pays.
Mais il y a quelques signes qui montrent une dégradation des relations sociales et une fragilisation de nos démocraties. Je citerai un seul exemple, parmi beaucoup d'autres: le fait que des élus, de plus en plus nombreux, fassent l'objet d'injures et d'insultes sur les réseaux sociaux et qu'ils soient attaqués dans leurs biens et même leurs vies. Le débat fait partie de la démocratie mais pas la violence. Que nos élus, maires, conseillers municipaux et départementaux ne soient plus respectés, c'est mauvais signe. Et cela nous concerne tous, car ils sont les garants de notre démocratie, de notre vie sociale. Ici encore, nous pouvons être acteurs de paix et répondre au désir du Christ. Il compte sur nous !

Père Bernard Housset