Toussaint 2023

TOUSSAINT FETE DE NOTRE AVENIR

Il est bon, de temps en temps, de prendre du recul par rapport à notre vie actuelle, à nos joies et préoccupations quotidiennes. La Toussaint nous assure que nous avons un avenir à long terme. La Toussaint, c'est le contraire de « no future ».

 

 

NOUS DEVENONS PLEINEMENT NOUS-MEMES

Nous sommes en chemin, en marche vers la plénitude de notre humanité, de notre personnalité.

Pour l'instant, nous sommes des ébauches, des brouillons en quelque sorte. Nous ne savons pas dans quel état nous serons transformés, transfigurés. Mais nous aurons notre personnalité intégrale, avec notre âme, notre esprit et notre corps (le corps n'est pas un obstacle à la rencontre de Dieu, puisque Dieu, en devenant vraiment homme, a pris un corps humain).

Nous ne serons plus conditionnés, empêchés par notre égoïsme de vivre comme le Christ. C'est le péché qui nous empêche d'être pleinement nous-
mêmes, vraiment humains. Notre avenir, c'est que nous serons devenus pleinement nous-mêmes, chacun étant unique, chacun ayant une valeur infinie, puisque aimé et estimé de Dieu. Le verbe devenir est essentiel dans la vie chrétienne. Voyez l'Eucharistie : un peu de blé devient farine, un peu de farine devient pain, un peu de pain devient à la messe corps du Christ pour l'éternité. De même, chacun de nous est en train de devenir
pleinement lui-même pour l'éternité.

C'est ce que saint Jean nous affirme dans la seconde lecture « Ce que nous sommes n'a pas encore été manifesté. Nous le savons : quand cela sera manifesté, nous lui serons semblables car nous le verrons tel qu'il est ». Nous serons devenus pleinement fils dans le Fils, frères et sœurs du Christ, d'autres Christ, en quelque sorte, « christifiés ». Nous vivrons une vie définitive dans l'amour de Dieu et une réelle fraternité avec tous les humains. Nous répondrons pleinement au désir de Dieu d'être vraiment aimé. Nous vivrons à plein les Béatitudes, comme seul le Christ les vit actuellement.

 

 

QUI EST SAUVE?

Durant des siècles, on considérait que l'Eglise était le réceptacle du salut, qu'elle contenait tous les sauvés parce qu'ils étaient baptisés. On disait, en interprétant mal une phrase de saint Cyprien :
« Hors de l'Eglise, point de salut ». C'est que, à moment donné, toute l'Europe paraissait chrétienne. Il y
avait bien quelques juifs mais ils étaient considérés comme peuple déicide. Il faut reconnaître que, durant
des siècles, l'Eglise catholique n' a pas fait preuve de miséricorde à leur égard.

Deux événements ont changé cette perception du salut. D'abord la découverte des Amériques, à partir de 1492, avec Christophe Colomb. On se demandait comment des Indiens qui n'avaient jamais entendu parler du Christ pouvaient être sauvés (on s'est même posé la question de savoir
s'ils avaient une âme, c'est le fameux colloque de Valladolid). Puis l'émergence de la Réforme protestante: puisque les protestants n'appartenaient plus à l'Eglise catholique, comment pouvaient-ils être sauvés ? Peu à peu la prise de conscience s'est faite que beaucoup de gens, qui n'étaient pas membres de l'Eglise pouvaient être sauvés, sanctifiés, partager la vie définitive de la Trinité. C'est ainsi que le concile Vatican
II (1962-1965) a défini l'Eglise comme « le signe du salut », plus exactement comme « le sacrement du salut ». Par son existence, elle montre que le salut est une réalité mais beaucoup plus vaste que le nombre de ceux et celles qui appartiennent à l'Eglise.

C'est ce qu 'indique le texte de l'Apocalypse: les sauvés sont d'abord « les 144000 de toutes les tribus d'Israël », c'est-à-dire 12 par 12, multiplié par 1000, ce qui signifie une totalité. Il s'agit du peuple de la première Alliance annonçant l'Eglise de la nouvelle et éternelle alliance.
Les sauvés sont ensuite « la foule immense de toutes nations, tribus, peuples et langues ». Il s'agit de ceux et celles qui, dans cette vie terrestre, n'ont pas connu le Christ, n'ont pas été baptisés mais ont agi selon leur conscience en accomplissant ce qui est bien, vrai, juste et fraternel. On ne dira pas qu'ils sont chrétiens sans le savoir mais qu'ils sont sauvés sans le savoir. Ils sont pardonnés de leurs péchés et sauvés par le Christ qui a donné sa vie par amour pour tous les humains sans exception. A moins de refuser ce salut, ce qui est possible, puisque tout être humain a la liberté de refuser Dieu.

Par notre comportement quotidien, montrons que nous sommes sauvés en faisant preuve de joie et d'espérance. Montrons que nous croyons que ceux qui ne sont pas chrétiens sont aussi sauvés, pourront partager la vie du Christ et devenir pleinement eux-mêmes. Montrons que
chacun est aimé et estimé de Dieu pour toujours.

Père Bernard Housset