Assomption 2022

Cette fête de l'Assomption est la plus grande fête de Marie. Nous sommes heureux et joyeux de fêter une bonne fête à toutes les Marie de notre assemblée liturgique et de nos familles. Mais c'est aussi une fête de l'Eglise. Car les relations entre Marie et l'Eglise sont très étroites. Dans la préface de la prière eucharistique, je rendrai grâce à Dieu pour Marie qui est le « commencement et l'image de ce que deviendra l'Eglise en sa plénitude ».

L'Eglise, c'est bien nous tous, laïcs, consacrés et ordonnés. Depuis longtemps, depuis le concile Vatican II, nous avons effacé ce faux pli ancien ( qui a mis du temps, comme tous les faux plis à s'effacer) qui identifiait l'Eglise à la seule hiérarchie, pape, évêques et prêtres. Actuellement, nous sommes persuadés que l'Eglise, c'est l'ensemble des baptisés, du moins de ceux et celles qui prennent leur baptême au sérieux. Mais il nous faut sans cesse approfondir la réalité profonde de l'Eglise que nous formons. Qui sommes- nous, vous , moi, nous tous, réellement ? Car nous pouvons en rester à une conception superficielle :
– ne voir que la morale et les valeurs qu'elle propose. Je me souviens de cette grand-mère qui reconnaissait qu'elle avait transmis une morale mais qu'elle n'avait pas proposé la foi !
– ne voir que son action sociale et humanitaire, grâce à tous ces organismes dont le Secours catholique, le CCFD Terre solidaire, la société Saint Vincent de Paul qui permettent à des personnes en précarité de se prendre en charge et de se remettre debout ;
– ne voir que son aspect institutionnel, son organisation en estimant qu'elle doit se moderniser et évoluer
– ne voir que ses rites: le cardinal Lustiger, ancien archevêque de Paris, répétait que l'une des principales difficultés de l'Eglise actuelle était que les sacrements sont devenus pour beaucoup uniquement des rites sociaux ; on fait baptiser les enfants mais sans leur proposer aucune formation chrétienne ; on se fait enterrer à l'église sans croire à la résurrection etc ... L'Eglise, c'est bien davantage et la contemplation de Marie nous fait pénétrer dans sa réalité profonde.


COMME MARIE, L'EGLISE ACCUEILLE CONSCIEMMENT LE DON DE DIEU


Lors d'un pèlerinage en Terre Sainte, j'ai été marqué par la remarque d'une religieuse clarisse de Nazareth qui, de son couvent, nous montrait la basilique de l'annonciation construite sur l'emplacement présumé de la maison de la Vierge Marie. Elle s'est exclamée magnifiquement : « Ici, Dieu a épousé l'humanité ». Oui, Marie a accueilli Dieu le Fils qui est venu partager notre vie pour que nous puissions partager la sienne. C'est le fond des choses, des réalités, c'est le cœur de notre foi.

Mais peu de gens en ont encore conscience. Il est vrai que c'est presque trop beau pour y croire. Et pourtant c'est l'essentiel de la vie de l'Eglise . Elle existe pour être signe de ce Dieu amour qui est devenu comme nous pour que tous les humains puissent devenir comme lui et trouvent ainsi leur plénitude humaine. S'il nous faut nous adapter, nous moderniser, c'est pour être davantage capables d'annoncer cette Bonne Nouvelle, de mieux accueillir ce magnifique don de Dieu.


COMME MARIE, L'EGLISE VIT LIBREMENT LE MAGNIFICAT


Marie a non seulement chanté le Magnificat, car elle reconnaissait la présence de Dieu dans sa vie mais elle l'a vécu, elle l'a pratiqué tous les jours. Ce n'était pas plus facile pour elle que pour nous, même si elle est la mère de Dieu. Les épreuves, les souffrances ne lui ont pas été épargnées. La première lecture , si symbolique, de l'Apocalypse en témoigne. Mais marie n'a pas douté de la présence de Dieu, elle n'a pas faibli devant ses difficultés. Et elle a pris en conséquence les décisions qu'elle avait à prendre. A commencer par la première dont dépendait l'avenir du monde. Marie est une extraordinaire femme de décision, une femme pleinement responsable. Elle n'est pas du tout la personne soumise ou mièvre que certains ont imaginée. Elle a vécu pleinement le Magnificat.

L'Eglise est bien l'Eglise lorsqu'elle essaie de vivre le Magnificat et de prendre les décisions qui y correspondent, quoi qu'il lui en coûte. Voyez notre pape François, il s'efforce d'attirer notre attention d'occidentaux sur les migrants, tout en sachant que leur accueil pose des problèmes complexes et difficiles. Comme Mgr Saliège, archevêque de Toulouse, dans sa lettre publiée il y a 80 ans, le pape rappelle avec constance et courage que tous les migrants sont des hommes et des femmes membres de la famille humaine et le pape ne se fait pas que des amis !

C'est que la logique du Magnificat n'est pas notre logique humaine spontanée. Nous instinctivement, nous somme portés sur le paraître, la puissance, le bling-bling. Le Magnificat, lui, met en
valeur le respect de chacun, l'humilité, l'écoute, le partage.


COMME MARIE, L'EGLISE SE PREPARE A ENTRER DANS LA GLOIRE DU CHRIST


C'est très tôt que l'intuition des chrétiens a pressenti que Marie n'a pas connu la corruption du tombeau. Sans savoir si elle est morte ou non(le mot ancien est celui de dormition), les chrétiens ont cru que, dès le fin de sa vie terrestre, Marie a partagé, dans son corps comme dans son âme, la résurrection de son Fils.Lui est le premier ressuscité,( cf. la seconde lecture), Marie lui est associée de très près, la mère ne pouvant pas être séparée longtemps de son Fils.Elle a rapidement trouvé la plénitude de sa personnalité en partageant la gloire de son Fils.

L'Eglise , c'est-à-dire nous tous, devra attendre plus longtemps mais tel est réellement notre avenir. Il est bon que nous y pensions de temps en temps, sans être uniquement absorbés par nos préoccupations immédiates. Chacun de nous est appelé à partager définitivement la vie du Ressuscité, sa Gloire et à recevoir ainsi la plénitude de sa personnalité.

En contemplant Marie, l'Eglise contemple, nous contemplons ce que nous sommes en profondeur et ce que nous allons devenir, notre avenir définitif. La préface de l'Assomption a bien raison de proclamer : « Marie, commencement et image de ce que deviendra l'Eglise en sa plénitude ».

Amen