Ascension 2024
Quels sentiments suscite en nous cette fête de l’Ascension ? Peut-être partageons nous la nostalgie des apôtres les yeux levés vers le ciel où ils ont vu disparaître leur Seigneur. L’Ascension risque d’être vécue comme l’éloignement de Jésus de notre humanité. Or c’est précisément le contraire qui se passe !
Lorsqu’on dit que Jésus ce jour-là est monté au ciel, cela signifie qu'il est retourné vers son Père, qu’il a rejoint le monde de Dieu, à savoir le ciel. Mais dire que Dieu est au ciel, c’est ce servir d’une image pour exprimer que Dieu est à la fois au-dessus de tout et présent partout, un peu comme le soleil qui brille pour tous dans le ciel et qui rejoint ainsi chacun par ses rayons.
Jusqu’à l’ascension, Jésus n’était présent qu’en un seul endroit de la terre, dans un coin du Moyen-Orient, pendant une trentaine d'années il y a 2 millénaires.
Désormais, parce qu'Il est monté au ciel près de son Père, il est présent en tout lieu et en tout temps, il est présent à chacun de nous pour nous rassembler en son Corps et nous conduire vers son Père. La 2e lecture nous le rappelle :
"comme votre vocation vous a tous appelé à une seule espérance, de même il y a un seul corps et un seul esprit. il y a un seul seigneur, une seule foi,un seul baptême, un seul Dieu et père de tous, au-dessus de tous, par tous et en tous."
Le Christ ressuscité et élevé dans la gloire de son Père, nous incorpore en Lui pour que nous participions ainsi à la construction de son Corps jusqu'à ce qu'il atteigne sa plénitude comme l'affirme la conclusion de ce même passage de la lettre aux Ephésiens :
"les fidèles sont organisées pour que les tâches du ministère soient accomplies et que se construise le Corps du Christ, jusqu’à ce que nous parvenions tous ensemble à l’unité de la foi et à la pleine connaissance du Fils de Dieu, à l'état de l'homme parfait, a la stature du Christ dans sa plénitude."
Par notre corps, nous nous inscrivons dans l'histoire du monde à travers les générations qui nous ont précédées ; par notre corps physique, nous entrons dans la vie d'un corps social en dehors duquel aucune vie humaine ne peut se construire.
Cela est vrai aussi du Christ qui tient son humanité de sa mère par le Corps qu’elle lui a donné :
- ce Corps par lequel il nous a rejoints dans notre condition humaine ;
- ce Corps par lequel il s’inscrit dans la vie sociale et religieuse de son peuple ;
- ce Corps a jamais marqué par son histoire personnelle, de sa conception dans le sein de Marie jusqu’à sa mort sur la croix ;
- ce Corps donc marqué pour toujours par les blessures que les péchés des hommes lui ont infligés. Mais comme le dit Saint Pierre : « par ses blessures nous sommes guéris ». Du côté transpercé de Jésus mort, à travers le sang de son sacrifice sur la croix, jaillit la source vive de l’Esprit Saint, la source de la grâce de notre salut et de notre sanctification.
C’est ce Corps donc portant à jamais les stigmates de la passion, qui est ressuscité et qui à l'Ascension, est entré dans l’éternité de Dieu.
Ce Corps ressuscité, c'est aussi l'Eglise, Corps du Christ auquel nous avons été intégrés comme membre vivant par l’Esprit Saint à notre baptême.
Ce Corps ressuscité, c’est enfin celui que nous recevons à la communion, Corps du Christ-Eucharistie en qui nous grandissons « jusqu’à ce que nous parvenions tous ensemble à l’unité de la foi et à la pleine connaissance du fils de Dieu, à l'état de l'Homme parfait, à la stature du Christ dans sa plénitude ».
Étonnant paradoxe de la fête de l’Ascension : au moment même où dans son Corps ressuscité il disparaît à nos yeux, Jésus nous intègre à son Corps qui est l’Eglise pour élever notre humanité vers la plénitude de la vie divine, la vie éternelle en Dieu !
Bien loin de nous enfermer dans la nostalgie la fête de l'Ascension est une formidable ouverture à l'espérance.
Ainsi pouvons-nous reprendre du fond du cœur la prière d’ouverture que nous avons entendue au début de la messe :
Dieu tout-puissant fais nous exulter d'une joie sainte et nous réjouirent dans une fervente action de grâce, car l'ascension de ton fils Le Christ, nous introduit déjà auprès de toi, nous les membres du corps dont il est la tête, appelé à vivre en espérance dans la gloire où il nous a précédé.
Monseigneur François Jacolin